Ethnographie d'une expérience politique transformatrice : pratiques et arguments queer et féministes au sein de la contestation antinucléaire à Bure (France)
A travers le cas de la mobilisation anti-Cigéo à Bure (Meuse, France), cette thèse vise à faire l’ethnographie d’une expérience politique transformatrice et inattendue au sein du mouvement antinucléaire : amorcé en 2016 et affirmé en 2019, il s’opère à Bure un tournant queer et féministe dont les pratiques et les arguments semblent marquer durablement les militant.es. Il s’agira donc de saisir si, et dans quelle mesure, les représentations queer et féministes et, avec elles, les pratiques de soin et de joie militante développées dans la lutte anti-Cigéo, constituent ce qu’on pourrait appeler un « effet Bure », qui pourrait transformer durablement une partie du mouvement antinucléaire. En effet, au-delà de l’utopie en acte dans ce village meusien, il apparaît que ces pratiques et discours dépassent largement Bure, marquant durablement les militant.es qui s’y investissent le temps d’un camp d’été ou d’un chantier, puis diffusent ces pratiques dans d’autres lieux de mobilisation. A la Hague, en Normandie, il apparaît que les pratiques de soin et de joie militante sont également centrales dans le renouvellement de la lutte antinucléaire sur cette presqu’île, alors qu’il existe assez peu de contacts entre ces deux mobilisations. Dès lors, en utilisant les outils de l’ethnographie multi-sites et de la sociologie compréhensive (observation directe, entretiens semi-directifs et Méthode d’Analyse en Groupe), il s’agira de comprendre comment s’articulent les contestations antinucléaires et les mobilisations queer et féministes sur ces terrains d’étude.