Université Saint-Louis - Bruxelles
Belgique
Conjurer les catastrophes. Le continuum des préparations survivalistes. Par Nathan Gaborit
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Le thème de l’effondrement tend à s’imposer chez une frange de la critique écologiste, et au-delà. Face à une structure politico-économique qui semble se déliter, des formes de réponses tant collectives qu’individuelles, se mettent en place. Cette présentation propose de s’intéresser au survivalisme comme étant l’une des manières de reprendre prise face à des incertitudes qui dépassent le seul cadre de la catastrophe globale et se réancrent dans un quotidien et des attachements perçus comme menacés. Se dessine alors une communauté de pratique survivaliste, participant à un monde francophone de la survie, suivant ses propres codes et ses propres logiques. Comment cet ensemble, mû par des conceptions parfois antagonistes de la catastrophe et des manières de se préparer pour la conjurer, parvient-il - non sans difficultés - à tenir ? Comment comprendre également que le fait de « se préparer à survivre » dépassent rarement le cadre individuel ou familial ?
À rebours des approches normatives et essentialistes, l’attention aux pratiques de préparation ainsi qu’aux modes d’échanges et de (dé)politisation au sein des réseaux en ligne permet de rendre compte du continuum des préparations survivalistes. S’il s’agit de prendre au sérieux les personnes qui se préparent, pour sortir des caricatures, cette posture exige aussi de ne pas négliger les lectures sécuritaires et identitaires de la préparation, où la domination blanche et masculine est parfois au coeur de ce qui est à préserver. Plus largement, le survivalisme apparaît comme une porte d’entrée pour appréhender la puissance d’attraction de l’idée d’autonomie, face à un monde sur lequel on perd prise.
Titulaire d’un Master en science politique à Sciences Po Paris, Nathan Gaborit est actuellement Aspirant FNRS et mène depuis octobre 2022 une recherche doctorale, sous la codirection de Benedikte Zitouni (CESIR) et de Sandrine Revet (CERI), portant sur le survivalisme en Europe francophone et plus largement la pluralité des formes de préparation aux catastrophes.
Après un mémoire de Master enquêtant auprès de « ceux qui se préparent » en France, il a contribué au projet ANR, coordonné par Magali Della Sudda (CNRS, Centre Emile Durkheim) portant sur le mouvement des Gilets Jaunes, en s’intéressant plus particulièrement aux enjeux liés au travail et à l’écologie en son sein. Il est également membre du collectif de chercheur·e·s Quantité Critique.