Gouvernementalité algorithmique et subjectivités du monde des Big Data

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PDR-FNRS
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Date de fin

La « mise en nombres » du « réel », et les traitements statistiques de ces données « numérisées » tiennent un rôle toujours plus essentiel dans l’ensemble des pratiques normatives, qu’elles soient le fait des acteurs publics ou des acteurs privés. Cette nouvelle manière « cybernétique » de « gouverner » est le fruit d’une convergence de facteurs: évolution des algorithmes statistiques, explosion des quantités de données numérisées disponibles sur l’Internet, développement d’un capitalisme cognitif de l’attention, focalisation politique sur des leitmotivs comme la sécurité, l’efficacité, l’immédiateté, l’interaction, l’interconnexion, la fluidité et le confort.

Ce projet analysera l’évolution des actions normatives au sens large à la lueur de cette évolution des pratiques statistiques. La démarche, nourrie de manière interdisciplinaire (philosophie, statistique, droit, sciences sociales) est essentiellement analytique: au plus loin d';une posture dénonciatrice, et dans le respect de la matérialité des processus statistiques, techniques et normatifs, il s'agit de comprendre ce qui change actuellement sur le terrain des pratiques statistiques, ce qu'induit l'omniprésence de celles-ci, en quoi elles sont constitutives de la gouvernementalité contemporaine, ce qu'elles entraînent comme changements dans la nature même de la normativité et dans la manière par laquelle les êtres sont normés, et ce en particulier en observant à la fois l'éloignement
qu'elles dessinent par rapport à la normativité juridique et les déplacements qui en résultent quant aux possibilités de subjectivation.

Par l’analyse du passage du gouvernement statistique assis sur la statistique probabiliste classique, à la statistique décisionnelle impliquée dans des systèmes algorithmiques toujours plus auto-apprenants (informatique autonomique, environnements intelligents) caractérisant ce que nous appelons la gouvernementalité algorithmique, l’enquête que nous menons a pour but de permettre de cerner ces glissements induits par ces nouveaux usages de la statistique sur la manière de rendre le monde signifiant, la manière d’anticiper l’avenir, et la manière dont, par ces mises en nombre, les individus sont perçus et se perçoivent comme sujets.