Sophie De Spiegeleir en séjour de recherche à l'Université d'Ottawa
Sophie De Spiegeleir (doctorante au CESIR et au CASPER, Université Saint-Louis – Bruxelles) est actuellement en séjour de recherche au Canada. Attachée au Centre de droit, politique et éthique de la santé (CDPÉS) de l’Université d’Ottawa, sous la supervision de Prof. Dr. Emmanuelle Bernheim, elle a effectué plusieurs communications en lien avec sa recherche doctorale : la pratique d’évaluation et d’intervention des personnes internées libérées à l’essai en Belgique francophone.
- Séminaire sur "Les droits sous contrainte. Enfermement et contrôle au XXIè siècle : hôpitaux psychiatriques, Centres jeunesse et prisons", co-organisé par la Chaire de recherche du Canada en Santé mentale et accès à la justice (UOttawa) et le CREMIS. « Entre soin et sécurité, entre autonomie et contrainte : enquête au sein d’unités psychiatriques médico-légales en Belgique », Sophie a présenté cette communication aux côtés de Nicolas Sallée (prof. Université de Montréal) et Guillaume Ouellet (chercheur au Crémis), le 30 mars 2022
ABSTRACT :
En Belgique, les Unités Psychiatriques Médico-Légales (UPML) hébergent, sous contrainte judiciaire, des personnes internées en libération à l’essai. À l’interface entre le pénal et la santé mentale, ces unités visent à préparer la personne à se réinsérer dans la société. Sur la base d’une enquête ethnographique de dix mois au sein de deux UPML en Belgique francophone, je tenterai de décrire le quotidien de ces unités et d’approcher sociologiquement la place de la contrainte afin de mettre en lumière les différentes façons d’intervenir auprès d’autrui et les implications directes pour les personnes internées et l’exercice de leurs droits. Oscillant entre une logique sécuritaire (restreindre la liberté de la personne pour « défendre la société ») et une logique sanitaire (dispenser les soins nécessaires et accompagner la personne en vue d’une réinsertion sociale), comment les équipes professionnelles des unités médico-légales concilient-elles leur mandat de protection et la préservation de l’autonomie des personnes internées ?
- « L’internement pénal en Belgique à l’épreuve de la désinstitutionalisation », lors d'une conférence co-organisée dans le cadre des Cycles annuesl de conférences sur la recherche en droit (Section de droit civil) par la Chaire de recherche du Canada en Santé mentale et accès à la justice (UOttawa) et les Facultés de droit civil et de droit public (UOttawa).
ABSTRACT :
En Belgique, jusqu’au début du XXIe siècle, la prise en charge des personnes atteintes d’un trouble mental et ayant commis une infraction qui échappent au système pénal en raison de leur irresponsabilité donnait la priorité, sous le joug de l’idéologie de « défense sociale », à l’institutionnalisation et à l’enfermement de ces personnes. A contrario la « nouvelle » loi pénale de 2014 relative à l’internement (entrée en vigueur au 1er octobre 2016) vise désormais à encourager une désinstitutionalisation de la prise en charge des personnes internées et à favoriser leur suivi hors les murs. La notion de « trajet de soins » devient le fil directeur du parcours de l’internement et entre en résonance avec la réforme fédérale des soins de santé mentale appelée « Psy107 » qui promeut la création de réseaux et circuits de soins. En pratique, des équipes mobiles spécifiques et pluridisciplinaires « Trajets de Soins Internés » (TSI) ont ainsi vu le jour et ont pour vocation la dé-stigmatisation et l’inclusion des personnes internées en assimilant celles-ci avec n’importe quel bénéficiaire de soins de santé mentale. Leurs missions principales s’articulent autour de l’élaboration du trajet de soins de (et avec) la personne internée, la construction de son réseau et de son projet de réinsertion. En parallèle, des efforts sont également déployés pour « moderniser » la prise en charge institutionnelle des Unités Psychiatriques Médico-Légales, au sein desquelles sont hospitalisées sous mandat judiciaire des personnes internées en libération à l’essai. Sur la base d’un terrain ethnographique d’une année et demie, je propose de discuter des conditions pratiques de la désinstitutionalisation sur la scène de l’internement pénal. Comment l’institution et son contraire marquent la mesure d’internement ?
- Webinaire organisé par la Chaire de recherche du Canada en Santé mentale et accès à la justice (UOttawa) et le Center for Health Law, Policy and Ethics (UOttawa), le 21 avril 2022. Sophie y a présenté une communication intitulée : Between autonomy and coercion: caring for mentally disordered offenders. Aux côtés des Prof. Jennifer Kilty et Jennifer Chandler
ABSTRACT:
In Belgium, mentally disordered offenders who have been interned on probation may be required by law to reside in Medical-Legal Psychiatric Units (UPML). On the basis of a ten-months ethnographic fieldwork inside two UPMLs in French-speaking Belgium, this talk looks to describe these units’ everyday life and how health care and paramedical teams “take care” of these particular psychiatric patients.”
- Atelier organisé par la Chaire de recherche du Canada en Santé mentale et accès à la justice (UOttawa) et le Circem (Université d'Ottawa)
ABSTRACT :
Dans le cadre de son doctorat en sociologie-anthropologie sur la libération à l’essai des personnes internées en Belgique francophone, Sophie De Spiegeleir a observé, sur une période de 10 mois et à raison de deux à trois jours par semaine, le quotidien de deux Unités Psychiatriques Médico-Légales (UPML) en Belgique francophone. S’engager en vue de mener une enquête sociologique et ethnographique soulève des enjeux considérables d’ordre méthodologique, épistémologique et éthique. Pour cet atelier, elle propose de revenir, d’une part, sur la façon dont elle a « négocié » son entrée en UPML et, d’autre part, sur la façon dont elle a petit à petit « trouvé sa place » dans les murs de ces unités.