Comprendre les mécanismes de sorties du système de prise en charge dans l’Aide à la jeunesse
Alors que le secteur de l’Aide à la jeunesse se revendique comme une aide spécialisée et supplétive (prenant donc le relais dans le cas où l’aide générale serait insuffisante), qui vise la déjudiciarisation, l’autonomie des « bénéficiaires » et l’action (ou le retour) dans le milieu de vie des jeunes – autrement dit, comme une aide transitoire dans les parcours des mineurs –, des statistiques indiquent une progression régulière du nombre de jeunes pris en charge ainsi qu’une proportion de jeunes entrants plus importante que les jeunes sortants. Au-delà de ces statistiques, la majorité des acteurs perçoivent le système comme largement saturé. D’où l’intérêt de s’interroger sur les facteurs, processus et mécanismes qui permettent de comprendre les (non-)sorties de l’Aide à la jeunesse – les processus d’entrée ayant déjà, en bonne partie, été investigués et documentés – pour pouvoir, à l’avenir, en travaillant sur ces mécanismes, favoriser les sorties. Néanmoins, la question des sorties ne peut être posée de manière purement gestionnaire, in abstracto ; les sorties ne doivent être visées que lorsqu’elles sont souhaitables et appropriées.
La première phase de la recherche a consisté à objectiver le système conçu (cadres réglementaires, légaux, institutionnels et organisationnels), notamment sous forme de schémas synthétiques mettant en évidence les sorties possibles de l’Aide à la jeunesse.
Ensuite, pour éclairer finement les différents mécanismes et logiques qui conditionnent les processus et décisions de sortie du système de prise en charge, une trentaine d’entretiens ont été réalisés avec des acteurs impliqués (conseillers et délégués en chef du Service d’Aide à la Jeunesse, directeurs et délégués en chef du Service de Protection Judiciaire, intervenants, responsables d’institution, magistrats et avocats) ainsi que des observations de séquences du processus décisionnel (audiences publiques au tribunal de la jeunesse et réunions de formalisation au SAJ).
Pour approfondir les constats, discuter des enjeux et des pistes d’amélioration du système, une analyse en groupe a également été organisée avec les interviewés.
Enfin, le travail empirique s’est doublé d’un travail analytique et théorique dans le cadre d’un séminaire « Catégorisation des publics et gestion des flux » organisé au sein du Centre d’Études Sociologiques (CES) réunissant une dizaine de chercheurs abordant cette problématique à partir de leurs terrains respectifs (travail social en justice, gestion des populations carcérales, aide sociale...).
Cette recherche est un projet du CES(IR) et du réseau MAG