Université Saint-Louis - Bruxelles
Boulevard du Jardin botanique 43
1000 Bruxelles
Belgique
Genre, espace public et vélo — Journée d'étude autour du projet de recherche PDR " Genre et esthétique du vélo"
Cette journée d’étude est organisée dans le cadre du projet de recherche FNRS Genre et esthétique du vélo, mené à l’Université Libre de Bruxelles et l’Université Saint-Louis — Bruxelles, au sein du centre de recherche CESIR (USL-B), du laboratoire Sasha (ULB) et de la structure de recherche interdisciplinaire sur le genre Striges (ULB).
La transition vers une mobilité durable nécessite une meilleure compréhension des processus de construction de genre autour du vélo parce que celui-ci est vecteur de modes de vie durables, mais que les normes liées au genre constituent toujours des freins à son développement. Les recherches sur le genre et la mobilité négligent la dimension sensible des matérialités du vélo autour desquelles se construit le genre, tandis que les approches esthétiques des infrastructures de mobilité ne s’intéressent que peu au genre. Investiguer comment le genre interagit avec l’esthétique dans la construction actuelle des pratiques, équipements et infrastructure du vélo conduit à une meilleure compréhension du potentiel des dynamiques de genre pour le développement de villes durables. Se concentrant sur les cultures cyclistes émergentes à Bruxelles, la recherche, réalisée en collaboration avec Sasha (ULB) et STRIGES (ULB), développe une approche multi-échelle originale déployant le concept d’imaginaire pour examiner les multiples matérialités du vélo aux croisements de la sociologie de l’objet et des méthodes visuelles et mobiles. Elle vise une compréhension fine des résonnances affectives et sensibles entre infrastructure, environnement, équipements et corps genrés et de leur potentiel. Sur le long terme, la prise en compte de la dimension esthétique des mobilités permet de dépasser les conceptions immatérielles et désincarnées de la durabilité et déconstruit les approches dominantes qui participent des relations de domination genrées, contribuant par là à une équité de genre et des villes systémiquement plus durables.
INSCRIPTIONS : via le formulaire
Programme
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9h45 - 10h : Accueil des participant·e·s
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10h00 - 12h30 : « Genre, espace public et vélo » — 1ère partie
Genre et espace public — Marianne Blidon (Université Paris 1-Panthéon Sorbonne)
Genre, vélo et presse sportive spécialisée : entre stéréotypes sexués et modèles novateurs. L’exemple du Vélo Tout Terrain et du vélo longue distance — Mélie Fraysse (Université Toulouse III-Paul Sabatier)
A l’interface d’une sociologie du sport, du genre et des médias, cette communication se propose d’interroger les modèles de genre (Connell, 1987) au sein de la presse sportive spécialisée consacrée au vélo, et plus spécialement aux pratiques dites « natures » telles que le Vélo Tout Terrain (VTT) et la longue distance. À partir d’une analyse de 4 titres majoritaires en termes de diffusion, il s’agit de repérer dans un premier temps comment les figures médiatiques des sportives et des sportifs sont caractéristiques d’une juxtaposition de stéréotypes sexués traditionnels mais également de modèles beaucoup plus novateurs. En d’autres termes, si les formes les plus extrêmes de l’emphasized feminity et la masculinité hégémonique sont bien présentes, elles s’articulent à des modes de présentations plus inclusifs et largement renouvelés. Enfin, ces analyses de corpus seront mises en perspective d’un renouvellement des caractéristiques sociales du lectorat - et des pratiquant·e·s- associées à une crise de la presse écrite.
Les échelles du rapport esthétique entre corps et vélo : analyse de magazines vélo en Belgique, France et Suisse (1995-2020) — Claire Pelgrims (Université Gustave Eiffel)
La construction et l’analyse d’un corpus de magazines vélo a permis de documenter l’évolution des matérialités du vélo, mais aussi du rapport corporel et affectif entre les équipements et les corps genrés. L’évolution des pratiques d’équipement souligne l’émergence de nouveaux hybrides vélo-cycliste. La relation esthétique entre corps et vélo peut être située, à des fins d’analyse, à quatre échelles interconnectées : le corps intérieur, les peaux, l’assemblage vélo-cycliste et l’aura.
- 12h30 - 14h00 : Pause déjeuner
- 14h - 15h20 : « Genre, espace public et vélo » — 2ème partie
Le renforcement des socialisations cyclistes sexuées durant l’adolescence (Socialisation genrée aux pratiques cyclistes) — David Sayagh (Université Paris-Saclay)
Un processus de socialisation sexuée au (et par le) vélo s’opère dès le plus jeune âge à travers des injonctions sexuées véhiculées par les parents, le milieu scolaire, les médias, les jouets et les vélos eux-mêmes. Ce processus se trouve considérablement renforcé durant l’adolescence. Il s’appuie notamment sur des socialisations différenciées à l’esthétique corporelle, au risque, aux (et par les) activités physiques et à (et par) la rue. Alors qu’il est le plus souvent délaissé par les filles, le vélo représente pour les garçons un support idéal à la construction d’une masculinité hégémonique par le développement du goût du risque et de l’effort physique, ainsi que par l’appropriation de l’espace public. Ce clivage se trouve davantage prononcé en milieu populaire et dans les territoires peu cyclistes alors qu’il tend à être moins marqué au sein des franges culturelles des classes moyennes intermédiaires et supérieures, où il est courant que le vélo fasse office de support de distinction sociale par le contrôle du corps/de la santé et le respect de l’environnement
Penser les assemblages vélo-cyclistes dans une perspective gender studies : le cas de Bruxelles — Sarah Bourcier (Université Saint-Louis), Natacha Lapeyroux (Université libre de Bruxelles), Claire Pelgrims (Université Gustave Eiffel)
Les chercheuses présenteront les résultats d’une enquête ethnographique menée à Bruxelles à partir d’une douzaine d'entretiens réalisés avec des personnes-ressources, qui sont les témoins privilégiés des habitudes des cyclistes (vendeurs·euses, mécanicien·ne·s. services publics, etc.). Cette enquête a été complétée par une ethnographie mobile filmée (Laurier, 2013) réalisée au sein d'itinéraires qui couvrent la Région de Bruxelles-Capitale (heures creuses/heures de pointe et rues locales et métropolitaines). Ces ethnographies mobiles ont pour but de saisir les performances de genre des cyclistes (Butler, 1990) et leur présentation de soi (Goffman, 1959) dans leurs mobilités quotidiennes : positionnement du corps sur les vélos, type de vélos, dispositifs de sécurité, accessoires, vêtements, personnalisation.
- 15h20 - 15h45 : Pause-café
- 15h45 - 17h00 : Table ronde « Genre, infrastructures et rapport à l’objet »
Marik Lahon (Pro Velo), Anoushka Dufeil (Gracq), Depoortere Frederick (Bruxelles mobilité), Raphaël Panier (Otobike)